JEAN-JACQUES MILTEAU: Lost Highway (2021)

Notre immense harmoniciste national donne des nouvelles discographiques. Son dernier album nous emmène sur les routes américaines à la recherche du fantôme d’Hank Williams. On remarque la participation de Jean-Yves Lozac’h à la pedal steel guitar (un nom bien connu des amateurs français de « country music »). L’instrumental décoiffant « Flying Scotsman » accroche d’entrée de jeu mais les reprises minutieusement sélectionnées feront vibrer le cœur des vieux cowboys que nous sommes. On est réellement séduit par ces versions de grands classiques comme « I can’t help if I’m still in love with you », « She thinks I still care », « My bucket’s got a hole in it » (repris en style country honky tonk) ou « Mr Bojangles ». Le géant de la musique country qu’était Hank Williams est aussi à l’honneur avec “Lost highway” (une reprise personnelle avec un arrangement plus bluesy), “Your cheating heart” et “I’m so lonesome” (dommage pour la batterie intempestive mais la perfection n’est pas de ce monde). Le « Folsom prison blues » du grand Johnny Cash en version country blues fait fort également. L’harmonica de Jean-Jacques n’a pas pris une ride. Certains pourraient même reprocher qu’il n’intervient pas assez souvent sur ce disque mais notre Jean-Jacques est désormais au sommet de son art. Il n’a pas besoin d’une tonne de notes pour faire passer l’émotion. Chacune de ses phrases est savamment jouée, juste quand il faut. Ce « Lost highway » ravira donc les amoureux de l’harmonica, les fans de country et les amateurs de musique authentique. Souhaitons donc une longue vie à cet artiste talentueux qui a joué avec les plus grands (Yves Montand, Eddy Mitchell, Charles Aznavour, Barbara) et la génération montante des années 70 et 80 (Jean-Jacques Goldman, Maxime Le Forestier, Renaud) mais qui a également pris le temps d’embellir sur disque et sur scène les superbes chansons de notre pote à tous Bill Deraime (toute une époque). Souffle, Jean-Jacques, souffle ! Fais nous vibrer encore de nombreuses années !

Olivier Aubry